La revue Les Mondes du Travail n°12 vient de paraître. Il a été coordonné par Mélanie Guyonvarch (Centre Pierre Naville, Université d’Evry Val d’Essonne) et Jean Vandewattyne (Université de Mons (UMONS) et Université libre de Bruxelles (ULB). Il est composé par plusieurs articles regroupés dans un dossier intitulé: «Travail et action collective en temps de crise».
Les controverses sur la crise économique, apparue début 2007 avec la crise dite des «subprimes», sont nombreuses. Toutefois, les analyses convergent au moins sur un point : la dégradation de la situation économique serait la plus grave depuis la Grande Récession de 1929. Pour analyser les manifestations de cette crise et ses impacts sur les mondes du travail, le dossier à rassemblé huit contributions. Structurées autour de trois niveaux d’analyse, elles partent des réalités les plus locales (Aéroport de Genève, Chantiers navals de Saint-Nazaire, secteur automobile…) en passant par des réalités nationales (Allemagne, Espagne et Grèce) pour se clôturer par une analyse des politiques de réforme des marchés du travail menées en Europe, principalement dans les pays du Sud.
Ces articles abordent la crise sous des aspects aussi divers que les marchés du travail, les stratégies d’entreprise, les discours managériaux, le contre-pouvoir syndical, les nouveaux mouvements sociaux ou encore les perceptions de la crise parmi les salariés.
Le «Grand entretien» du numéro présente le point de vue quelque peu iconoclaste du philosophe Anselm Jappe sur le sens et les causes d’une telle crise.
GRAND ENTRETIEN AVEC ANSELM JAPPE
«La financiarisation et la spéculation sont des symptômes»
DOSSIER: TRAVAIL ET ACTION COLLECTIVE EN TEMPS DE CRISE
Introduction / Mélanie Guyonvarch et Jean Vandewattyne
Les effets de la récession dans la filière automobile en France / René Mathieu et Armelle Gorgeu
Travailler dans une industrie en crise(s): le cas des chantiers navals de Saint-Nazaire / Pauline Seiller
La crise ne date pas d’hier: enquête parmi les cadres, ingénieurs et techniciens (2001 – 2006) / Mélanie Guyonvarch et Gaëtan Flocco
Répondre au dumping salarial par la grève? Le cas de l’Aéroport de
Genève / Nicola Cianferoni
Les syndicats grecs dans le contexte de crise économique /
Christina Karakioulafis
Défis et perspectives pour le syndicalisme en Espagne / Antonio Antón
Morón
La crise et ses effets vus par des syndicalistes allemands de l’IG Metall /
Meike Brodersen et Jean Vandewattyne
Quand les réformes du marché du travail favorisent l’insécurité
socio-professionnelle / Stéphen Bouquin
CONTRE-CHAMP
Résistance, autonomie et implication des salariés. Quelle sociologie pour le travail? / Daniel Bachet
Ont collaboré au dossier (par ordre alphabétique) : Stéphen Bouquin (Université d’Evry Val d’Essonne), Meike Brodersen (Université libre de Bruxelles), Nicola Cianferoni (Haute école de travail social et de la santé (Lausanne)), Gaëtan Flocco (Université d’Evry Val d’Essonne), Armelle Gorgeu (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), Mélanie Guyonvarch (Université d’Evry Val d’Essonne), Christina Karakioulafis (Université de Crête), René Mathieu Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), Antonio Antón Morón (Université Autonome de Madrid), Pauline Seiller (Université Paris Descartes), Jean Vandewattyne (Université de Mons et Université libre de Bruxelles).
Les commandes peuvent se faire via le site de la revue www.lesmondesdutravail.net ou directement sur Amazon.
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À propos de « Les damnées de la caisse. Grève dans un hypermarché », ouvrage de Marlène Benquet
Marlène Benquet, Les damnées de la caisse. Grève dans un hypermarché, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2011, 238 pages.
Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 18, 2012/2, p. 137-140.
En 2008, un conflit «improbable» dans un hypermarché situé dans un quartier populaire de Marseille attire l’attention de Marlène Benquet. En effet, la première grève interenseigne et intersyndicale ne se termine pas le jour même comme le prévoient les organisateurs, mais se prolonge durant 16 jours sur la base de trois revendications : une prime exceptionnelle de 250 euros, la possibilité de travailler à plein-temps pour le personnel employé à temps partiel contraint et l’augmentation des tickets-restaurants de 3,05 à 5 euros. Interrogée par ces événements, l’auteure décide de se rendre à Marseille alors même qu’elle travaille à la caisse d’un hypermarché resté à l’écart de cette journée de mobilisation (dans le cadre d’un doctorat effectué à l’EHESS de Paris) (1). Dans le but de mieux saisir les enjeux locaux, régionaux et nationaux de la négociation collective entre organisations syndicales et patronales, elle réalise des entretiens et récolte des matériaux qui l’amènent à considérer que la mise en évidence des «facteurs structurels et objectifs (…) ne permet pas de rendre compte du temps et de l’espace d’une mobilisation» (p. 16). -
Étude sur le temps de travail dans le secteur bancaire suisse
Contexte de l’étude*
L’art. 46 de la loi sur le travail (LTr) et l’art. 73, al. 1, de l’ordonnance 1 relative à la loi sur le travail (OLT 1) exigent des documents détaillés dont ressortent les indications nécessaires à l’exécution de la loi. Depuis un certain temps, les critiques se sont multipliées à l’égard de ces exigences qui ne tiendraient pas compte des besoins réels d’une plus grande flexibilité du temps de travail dans le monde professionnel. En conséquence, le SECO a décidé d’examiner si une solution à ce problème pouvait être trouvée, qui permettrait de garantir la protection des travailleurs et la vérification du respect de la loi sur le travail par les autorités d’exécution à l’intérieur d’un certain cadre. Ce projet pilote ne porte pas sur la définition des travailleurs qui exercent une fonction dirigeante élevée au sens de l’art. 3, let. d, LTr et qui échappent aux prescriptions en matière de durée du travail et du repos prévues par la LTr.
Pour répondre à ces questions, le SECO a mis sur pied le projet pilote «Temps de travail basé sur la confiance dans le secteur bancaire» et créé un comité d’accompagnement. Dans un premier temps limité à la région zurichoise, le projet a ensuite été étendu à toute la Suisse, ce qui a permis à l’ensemble des banques nationales d’y participer ; au final, sept institutions bancaires employant environ 45 000 employés (ce qui représente près d’un tiers du total des employés dans la branche) y ont pris part.
Les banques devaient être soumises à la Convention relative aux conditions de travail du personnel bancaire (CPB 2010) et ont été tenues de mettre en œuvre une notice élaborée par le comité d’accompagnement. Les supérieurs hiérarchiques ont en outre reçu des informations complètes sur les durées maximales de travail en vigueur, l’interdiction de travailler la nuit et le dimanche et sur le déroulement du projet pilote. Une année plus tard, les autorités cantonales d’exécution ont procédé à des contrôles par sondage au moyen d’une liste de contrôle élaborée à cette fin. Cette dernière devait leur permettre de vérifier si les indications mentionnées permettaient de contrôler le temps de travail et, partant, de garantir le respect des durées de repos/pauses, des durées maximales de la semaine de travail, etc.
En parallèle, l’École d’études sociales et pédagogiques à Lausanne a réalisé une étude scientifique indépendante sur le « temps de travail basé sur la confiance » et son impact sur les travailleurs des institutions bancaires ayant participé au projet pilote. Sur la base de don- nées empiriques, l’étude a montré les relations qui peuvent exister entre l’enregistrement allégé du temps de travail, les heures supplémentaires, la conciliation entre l’activité professionnelle et la vie privée, le stress et la santé d’employés des banques engagées dans le projet pilote. Les connaissances accumulées ont servi à chercher de nouvelles solutions.
Le présent rapport vise à évaluer le projet pilote sur la base des expériences menées avec la notice et les contrôles par sondage, ainsi que sur les résultats de l’étude d’accompagnement ; les conclusions doivent servir à formuler des propositions sur la suite des démarches.
* Source: Rapport final relatif au projet pilote « Temps de travail basé sur la confiance » (p. 5) rédigé par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), Zurich/Berne, 21 décembre 2011.Communiqués de presse du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO)
« Enregistrement du temps de travail: nouveau mandat suite au manque de consensus sur le projet de révision » (5.7.2013)
« Certains travailleurs doivent pouvoir renoncer à l’enregistrement de leur temps de travail » (11.9.2012)Documents à télécharger:
Rapport final relatif au projet pilote « Temps de travail basé sur la confiance » rédigé par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), Zurich/Berne, 21 décembre 2011.
Étude d’accompagnement du projet-pilote ‘Temps de travail basé sur la confiance’ conduit par le SECO dans le secteur bancaire rédigé par Jean-Michel Bonvin, Nicola Cianferoni et Pascal-Eric Gaberel, EESP de Lausanne, 31 août 2011. -
Les conditions de travail dans les centres d’appels en Suisse
Article paru dans la revue www.alencontre.org (20.4.2012)
Du 2 au 4 avril 2012 s’est tenu à Saint-Denis (Paris) le premier colloque international sur les centres d’appels visant à créer un réseau international de syndicalistes, salarié·e·s et spécialistes du secteur. Les syndicats Sud-PTT et CGT-Société d’Etudes, à l’initiative de cet événement, souhaitent ainsi créer un cadre propice aux échanges d’informations sur les conditions de travail et les expériences de lutte.[1]
Car les centres d’appels se sont développés avant tout suite à la volonté, affichée par les entreprises, de réduire leurs coûts inhérents à la relation avec leur clientèle respective. Si tous les plateaux téléphoniques incluent les mêmes outils techniques (technologie, outils de travail, etc.) et managériaux (fixation d’objectifs de productivité, mise en place de concours, évaluations etc.) ainsi qu’organisationnels (tâches simples et répétitives), les témoignages ont néanmoins mis en évidence l’hétérogénéité des salaires, de l’intensité du travail, de la durée du temps de travail, de l’exercice des droits syndicaux, etc. d’un pays à l’autre, y compris lorsqu’il s’agit de plusieurs sites d’une même firme transnationale. Nous publions ci-dessous deux documents permettant d’éclairer la situation spécifique dans des centres d’appels en Suisse.
Le premier renvoie à l’intervention de Nicola Cianferoni. Il a été invité afin d’expliquer la situation du secteur en Suisse dans la table ronde sur le thème: «Centres d’appel: les conditions de travail à travers le monde.» Chercheur en sociologie du travail à l’EESP de Lausanne, il connaît – entre autres – les centres d’appels pour y avoir travaillé trois ans comme salarié. En s’appuyant sur son expérience professionnelle au sein d’un centre d’appel sous-traitant d’une grande assurance, il a expliqué les raisons pour lesquelles certaines sociétés choisissent de délocaliser leurs centres d’appels en Suisse plutôt que dans les pays du Sud. Son exposé n’a pas manqué d’étonner les participants: ils n’imaginaient pas que dans «ce petit pays», réputé à l’étranger pour «sa richesse et son bien-être», les centres d’appel reproduisent la dureté des conditions de travail qui peut être repérée, par ailleurs, dans d’autres branches des services ou de l’industrie en Suisse.
Le deuxième est la traduction d’un article du quotidien zurichois Tages-Anzeiger du 2 novembre 2009. Le journaliste y reproduit une discussion avec un inspecteur du travail et un ancien employé d’un centre d’appel de Zurich, Lido Kommunikation AG. Ce centre d’appel a été délocalisée de l’Allemagne vers la Suisse afin de contourner des dispositions de loi sur le télémarketing et sur le travail. L’article décrit des conditions de travail particulièrement sévères: surveillance des employé·e·s avec trois caméras vidéo, obligation de signaler le temps passé aux toilettes, etc. -
Quand la modernisation produit de la souffrance. Le cas de La Poste suisse
Article publié dans la revue ¿Interrogations?, n. 12, 2011/1, p. 79-96.
Résumé
La libéralisation du secteur postal initiée au début des années 1990 a amené La Poste suisse à décentraliser ses structures productives en réorganisant sa production, le but étant d’augmenter les cadences et de réduire les temps morts. Le facteur, sur lequel se concentrent ces mesures, ne parvient plus toujours à assurer la qualité de son travail qu’il associe à la relation avec les usagers, et redouble ses efforts pour pallier les défaillances de l’organisation du travail. Les souffrances qui en résultent sont aggravées par un conflit social latent qui ne trouve aucune expression collective et structurée. Ainsi, il convient d’interroger la possibilité de réduire ces souffrances par une réglementation accrue du secteur postal et la mise en place d’instances favorisant le développement de l’emprise des salariés sur leur travail.
Mots clefs: Libéralisation, entreprise publique, restructuration, conditions de travail, conflit socialSummury
The liberalization of the postal sector initiated in the early 1990s led the Swiss Post to decentralize its structures by reorganizing its production. The aim was to increase the productivity and to reduce unproductive times. The postman, whose work is the main focus of these measures, is no longer able to ensure the quality of his work, which he associates to the relationship with users. In consequence, he redoubles his efforts to overcome the failures of the organization of work. This situation generates suffering that is exacerbated by a latent social conflict deprived of collective voice and structured expression. Thus, it should examine the possibility to reduce this suffering by an increased regulation of the postal sector and the development of employees’ control over their work.
Keywords: Liberalization, public company, restructuring, working conditions, social conflict -
À propos de « Quand le travail se précarise, quelle résistances collectives? », ouvrage dirigé par S. Béroud et P. Bouffartigue
S. Béroud et P. Bouffartigue (dir,), Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives?, La Dispute, Paris, 2009, 355 pages
Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 14, 2010/2, p. 99-102.
La précarité professionnelle a pris une ampleur considérable avec l’essor de la sous-traitance et du travail intérimaire depuis les années 1970. Elle s’est développée plus précisément sous la forme d’une insécurité de l’emploi, d’une pénibilité accrue des conditions de travail et d’une difficulté de disposer d’une représentation collective. La problématisation de ces trois aspects est d’un grand intérêt pour la réflexion sur la capacité de négociation des secteurs les plus instables du salariat contemporain. C’est bien ce que nous propose cet ouvrage collectif dirigé par Sophie Béroud et Paul Bouffartigue en s’appuyant sur une dizaine de contributions : étudier l’impact de la précarisation sur les capacités d’action collective des salariés et sur les stratégies des organisations syndicales. -
Quand la Fiat veut briser les droits syndicaux
Article publié dans la Revue virtuelle À l’encontre (19.1.2011)
Six ans après une grève de 21 jours à Fiat-Melfi (Basilicate), qui a vu les ouvriers s’opposer au caractère « exténuant » des rythmes de travail, le constructeur automobile de Turin – le groupe Fiat – a engagé un nouveau bras de fer avec les salarié·e·s. Le groupe dirigeant de la firme souhaite relancer la production industrielle dans le cadre d’un plan dénommé « Fabbrica Italia » (Usine Italie) qui exige des salariés une « flexibilité polonaise »[1]. Les accords négociés par les syndicats – à l’exception de la Fiom et des Cobas[2] – pour la « sauvegarde » des sites de Pomigliano d’Arco (Campanie) et de Mirafiori (Piémont) constituent un véritable banc d’essai pour vérifier la mise en pratique de « nouvelles relations collectives de travail » fondées sur une dégradation des conditions de travail et l’éviction des syndicats les plus combatifs comme représentants des salariés.
Ligne de production dans l’usine de Fiat-Mirafiori (2006)
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Retour sur la grève chez ISS Aviation (Genève)
Article publié en français dans la Revue virtuelle Alencontre (22.11.2010) et en italien dans le bimensuel Solidarietà (25.11.2010)
La grève de 15 salarié·e·s qui a éclaté chez ISS Aviation à l’Aéroport International de Genève (AIG) à partir du 9 juillet s’est terminée le 9 novembre 2010. Cette grève a été provoquée par la décision d’ISS Aviation de résilier, unilatéralement, la Convention collective de travail (CCT), afin de diminuer les salaires en fin de carrière.
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Riorganizzazione del lavoro e salute dei salariati. Risultati di un’inchiesta alla posta svizzera
Articolo pubblicato tra gli Atti della mattinata di studio del 23 gennaio 2010, la quale è stata organizzata dall’Associazione per la difesa del servizio pubblico (Canton Ticino) sul tema: « Pubblico e privato. Conseguenze della diversa natura giuridica su: qualità dei servizi, cittadini, impiego. »
Problematica[1]
La liberalizzazione dei servizi postali, il cui inizio risale alla fine degli anni ottanta[2], ha provocato sconvolgimenti di notevole importanza per le aziende del ramo. La produzione è stata riorganizzata secondo il paradigma della lean production, i tempi improduttivi sono stati ulteriormente ridotti mentre la gestione del personale è diventata più flessibile. La nostra inchiesta ha lo scopo di conoscere meglio l’impatto delle ristrutturazioni di un’ex regia federale – La Posta – sulla salute dei salariati e di valutare l’efficacia delle misure messe in atto dall’azienda per ridurre il rischio di malattie e infortuni.
Un centro di distribuzione postale della svizzera romanda nel quale lavoravano 365 impiegati costituisce il « terreno sociologico » dell’indagine. Le analisi sono centrate soprattutto sul lavoro dei postini e si basano su dati empirici quantitativi e qualitativi (cinque interviste effettuate con degli impiegati e un questionario anonimo al quale ha risposto il 51,8% del personale) raccolti durante il mese di febbraio 2009, cioè pochi mesi prima della diminuzione drastica del volume di invii postali a causa della crisi economica. La direzione della Posta ha collaborato alla ricerca rispettando tuttavia il suo carattere indipendente e universitario. -
« T’es là pour travailler et c’est tout »
Témoignage des salarié-e-s au 57e jour de grève chez ISS Aviation à Genève
Cet entretien, conduit par Nicola Cianferoni & Hans Oppliger, a été publié dans la revue À l’encontre (11.9.2010)
Dans une annonce publicitaire du 23 août 2010, publiée dans les quotidiens édités à Genève, ISS Aviation déclare que la réalité est bien différente des «slogans syndicaux». L’entreprise ne serait pas en grève. Toute allusion à la précarisation et au «dumping salarial» serait infondée, voire mensongère. Néanmoins, la détermination des grévistes n’a pas fléchi depuis le début de leur lutte. Mis à part le dimanche, jour de relâche, elles* siègent chaque jour au piquet de grève, situé devant la porte ABT de l’aéroport, où elles distribuent leurs tracts aux salarié·e·s qui se rendent au travail. La décision d’entamer une grève n’est jamais facile à prendre. Il faut savoir tenir bon face à l’employeur, aux collègues non-grévistes et aux médias hostiles aux luttes syndicales et les dénigrant, plus ou moins directement, en diffusant «une information» qui obscurcit les ressorts d’une bataille pour la dignité et des droits élémentaires.
Dans chaque expression de résistance sur les lieux de travail, il y a toujours une réalité très concrète, celle de tous les jours, qui en constitue l’origine, la cause. Personne ne vit et ne travaille dans l’abstrait. Au 57e jour de grève, nous nous sommes entretenus avec la moitié des grévistes pour comprendre quelles sont précisément ces conditions de travail et de vie qui les ont amenées à s’engager dans une grève de longue durée. De ces récits, que nous reproduisons ci-dessous sous une forme anonyme, ressort une réalité bien plus proche des «slogans syndicaux» que ne le prétend la direction d’ISS Aviation.
* Nous utilisons le féminin puisque les grévistes sont une grande majorité de femmes.