Cianferoni, N. (2023). Le chef est au plus mal ! Le discrédit d’une hiérarchie sous pression dans la grande distribution. In I. Sainsaulieu & J.-P. Leresche (Éds.), C’est qui ton chef ?! sociologie du leadership en Suisse. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes.
Les fonctions d’encadrement qui n’enregistrent pas le temps de travail connaissent un allongement de ce dernier. Une étude dans la grande distribution en Suisse révèle cependant que la dilatation du temps de travail des cadres est liée au fonctionnement des magasins et à la coordination des flux de clients et de marchandises, dans une entreprise où les activités productives sont éclatées et décentralisées. Le travail amené à la maison ou la fatigue accumulée ont pour conséquence de placer les cadres sous tension. Ainsi, la dilatation du temps de travail et la fragmentation des activités productives présupposent une division inégalitaire du travail domestique entre les sexes et implique un «coût social» en termes de renoncement à la vie sociale et familiale. Si l’abolition de la pointeuse n’apparaît pas comme étant la cause de l’allongement du temps de travail, cet outil de mesure n’est pas sans enjeux, car son absence permet d’occulter ce phénomène. Les contraintes sociales sont intériorisées sous la forme de choix personnels et favorisent l’apparition d’une forme de fatalisme qui semble s’imposer aux individus. Nous apportons trois explications à ce phénomène: l’idéologie de genre traditionnelle, la disponibilité temporelle corporative et/ou professionnelle spécifique aux cadres et la faiblesse structurelle du syndicalisme.
Cianferoni, N. (2020). La pointeuse à l’épreuve de la dilatation des temps dans la grande distribution. Temporalités, 31–32. https://doi.org/10.4000/temporalites.7685
La crise du syndicalisme s’est traduite en Suisse par un déplacement de la conflictualité du travail de l’entreprise vers le champ politique. Ce tournant stratégique est engagé par les centrales syndicales suisses au cours des années 1990. Dans le cas de la grande distribution, il se décline par le recours plus fréquent au référendum citoyen pour contester l’extension des horaires d’ouverture des magasins. Même si les travailleuses et travailleurs soutiennent le syndicat dans ces batailles référendaires, celui-ci ne parvient pas pour autant à remplir sa fonction dans la négociation collective et reste perçu comme un corps étranger au monde du travail. Cet article interroge l’efficacité d’une stratégie syndicale consistant à investir le champ politique à défaut d’organiser les travailleurs dans les entreprises.
Cianferoni, N. (2020). La conflictualité du travail peut-elle se limiter au champ politique? Réflexions sur les référendums populaires en Suisse contre l’extension des horaires d’ouverture des magasins. Les Mondes Du Travail, 24–25, 179–189. CiteDownload
Le sociologue Nicola Cianferoni a étudié l’organisation du travail au sein de deux géants de la grande distribution. Il y perçoit les signes d’une rupture historique: l’amorce d’une tendance à l’allongement du temps de labeur.
Interview paru dans l’hebdomadaire Services publics le 17.1.2020.
Par Guy Zurkinden
Le secteur que vous étudiez est
soumis à un profond chamboulement…
Nicola Cianferoni – La grande distribution s’est fortement développée au lendemain de la 2e Guerre Mondiale dans un contexte de croissance démographique, d’urbanisation et de hausse du pouvoir d’achat. Aujourd’hui, elle est confrontée à un chiffre d’affaires qui stagne et à une concurrence qui s’exacerbe avec l’essor du commerce en ligne, l’arrivée des hard discounts, les nouvelles habitudes des consommateurs, etc. Les marges sont donc sous pression. Dans un magasin, 80% des coûts sont liés au personnel. Pour maintenir la rentabilité, les directions diminuent le nombre d’emplois et changent l’organisation du travail. Elles exigent plus de flexibilité en favorisant l’engagement à temps partiel, en introduisant la polyvalence (pour assurer le remplacement des collègues) et en annualisant les horaires de travail. Tout ceci a pour but d’ajuster au plus près la main-d’œuvre aux flux de marchandises et de clients.
La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? Réflexions à partir d’une étude sur la grande distribution suisse et d’autres recherches sur les conditions de travail
Les études empiriques sur la condition des travailleuses et travailleurs sont fort précieuses: elles aident à comprendre autant leurs conditions dans les coulisses de la production que les dynamiques en cours au niveau des rapports sociaux. C’est précisément ce que Nicola Cianferoni propose dans son livre Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? paru aux éditions Seismo (Genève et Zurich) en septembre 2019. À l’appui de 78 entretiens réalisés avec des dirigeants, des travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et des secrétaires syndicaux, il constate que la journée de travail prend une place de plus en plus centrale dans la vie sociale. Les trois phénomènes qu’il observe empiriquement de l’intensification, la disponibilité temporelle et la déqualification se produisent dans un contexte où le temps de travail a cessé de diminuer depuis les années 1990 – voire même où il augmente pour certaines catégories du personnel. À l’appui de cette longue enquête sur les supermarchés et d’autres recherches qu’il a mené sur les conditions de travail, l’auteur apportera des éclairages sur les raisons pour lesquelles le temps de travail tend à devenir plus important dans les pratiques quotidiennes des salarié·e·s, comment cela est vécu par les groupes sociaux directement concernés (les hommes et les femmes ainsi que les différents échelons hiérarchiques), et dans quelle mesure la réduction du temps de travail pourrait redevenir actuelle dans les années à venir.
Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale?
Nicola Cianferoni, post-doctorant à l’Institut de recherches sociologiques de l’Université de Genève et à l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel
Les études empiriques sur la condition des travailleuses et travailleurs sont fort précieuses : elles aident à comprendre autant leurs conditions dans les coulisses de la production que les dynamiques en cours au niveau des rapports sociaux. C’est précisément ce que Nicola Cianferoni propose dans son livre Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale ? paru aux éditions Seismo (Genève et Zurich) en septembre 2019. À l’appui de 78 entretiens réalisés avec des dirigeants, des travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et des secrétaires syndicaux, il constate que la journée de travail prend une place de plus en plus centrale dans la vie sociale. Les trois phénomènes qu’il observe empiriquement de l’intensification, la disponibilité temporelle et la déqualification se produisent dans un contexte où le temps de travail a cessé de diminuer depuis les années 1990 – voire même où il augmente pour certaines catégories du personnel. Tout cela le conduit à interroger la place que prendra la journée de travail dans les années à venir.
Salle A006 (Rue Prévost-Martin 28, bâtiment A, rez-de-chaussée
Area. Quindicinale di critica sociale et del lavoro. 6.12.2019
Il sociologo Cianferoni analizza la scomparsa della discussione collettiva sulla durata della giornata lavorativa, che si è notevolmente allungata.
Intervista condotta da Francesco Bonsaver
Nicola Cianferoni, dal suo libro
s’intuisce che le persone sottoposte a un’estensione del tempo di lavoro, la
subiscono passivamente, considerandola persino come scelta personale.
Definire scelte individuali delle situazioni imposte dal funzionamento
collettivo della società, è uno dei risultati flagranti dell’inchiesta. La vera
domanda è: perché? Intravvedo tre possibili risposte. La prima è legata
all’impostazione della gestione del personale iniziata negli anni ’80, cioè da
quando è stata completamente individualizzata la relazione lavorativa. Il
dipendente è valutato singolarmente, gli si pongono degli obiettivi individuali
da raggiungere, in base ai quali sarà poi misurata la sua performance. Eppure
nella grande distribuzione il lavoro rimane fondamentalmente collettivo. Al
centro dell’attenzione dell’azienda, vi è la cifra d’affari della filiale,
ottenuta dal collettivo di lavoratori. In secondo luogo, l’impostazione
ideologica dominante nella società è orientata nella narrazione che siano solo
le scelte individuali a risultare determinanti, facendo totalmente astrazione
del contesto sociale in cui l’individuo è inserito. Infine, la scomparsa del
movimento operaio che consentiva all’individuo di sentirsi parte di una classe
sociale, identificandola in condizioni di vita o di lavoro molto simili.
L’attuale individualizzazione è estrema. Essa porta ad esempio il lavoratore a
sentirsi in colpa quando è in malattia e i colleghi arrabbiarsi con l’assente, al
posto d’interrogarsi sulla carenza di effettivi. Oppure, nel caso dei quadri
intermedi, quest’ultimi ritengono sia una loro scelta quella di lavorare molte
ore, privandosi del tempo per stare coi figli. Tuttavia, anche in questo caso,
la riproduzione della divisione per genere dei ruoli familiari è spesso imposta
dal sistema organizzativo del lavoro, il quale è di responsabilità collettiva,
non individuale.
La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? Réflexions à partir d’une étude de cas dans la grande distribution
avec Nicola Cianferoni, sociologue du travail et des entreprises, post-doctorant à l’Université de Genève et à l’Université de Neuchâtel
Les études empiriques sur la condition des travailleuses et travailleurs sont fort précieuses: elles nous aident à saisir les dynamiques en cours dans les coulisses des lieux de production. C’est précisément ce que Nicola Cianferoni propose dans son livre Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale ? paru aux éditions Seismo (Genève et Zurich) en septembre 2019. À l’appui de 78 entretiens réalisés avec des dirigeant-e-s, des travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et des secrétaires syndicaux, il constate que la journée de travail prend une place de plus en plus centrale dans la vie sociale. Les trois phénomènes qu’il observe empiriquement de l’intensification, la disponibilité temporelle et la déqualification se produisent dans un contexte où le temps de travail a cessé de diminuer depuis les années 1990 – voire même où il augmente pour certaines catégories du personnel.
Tout cela le conduit à interroger la place que prendra la journée de travail dans les années à venir.
La conférence est ouverte aux étudiant-e-s, au personnel, aux partenaires de la HETS-FR et à tout public intéressé.
Entrée libre, pas d’inscription nécessaire. Une collation est offerte.
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