• Notes de lecture

    À propos de « Strike for America. Chicago Teachers Against Austerity », ouvrage de Micah Uetricht

    Strike_for_America-128a0e9e897493bdee9ae3581ceabac0Note de lecture publiée dans la revue Les Mondes du Travail, n°15, 2015.

    Micah Uetricht, Strike for America. Chicago Teachers Against Austerity, London & New York, Verso, 2014, p. 135.

    Les attaques contre l’éducation publique étaient particulièrement virulentes aux États-Unis au cours des dix dernières années. La ville de Chicago, où le mouvement syndical est traditionnellement fort, est à l’avant-garde de ces attaques. Pourtant, c’est là aussi que les politiques néolibérales rencontrent la résistance la plus forte. Dans un ouvrage qui ne mobilise pas explicitement un appareil théorique, Micah Uetricht, journaliste engagé, revient sur la grève des enseignants qui en 2012 a fait la une des titres de presse étasuniens. Il y défend l’idée que l’appui des usagers est indispensable – quoique pas suffisant – pour qu’une lutte puisse être victorieuse dans le secteur des services publics.

  • Articles de presse

    Genève. Grève à Gate Gourmet. Une illustration de l’offensive patronale dans le secteur aérien

    Article paru dans la revue www.alencontre.org le 5.11.2013.
    3729295589Une grève est en cours à l’Aéroport international de Genève (AIG) depuis le 14 septembre 2013. Après celles de Swissport, Dnata et ISS Aviation en 2010, elle se déroule aujourd’hui chez Gate Gourmet, leader mondial de la restauration pour les compagnies aériennes. Le personnel soutenu par le Syndicat des services publics (SSP-VPOD) s’oppose à une dégradation drastique de ses conditions de travail. Ce type de lutte est assez exceptionnel en Suisse. En effet, les conflits de travail débouchent rarement sur une grève. De plus, les employeurs disposent de puissants moyens légaux pour limiter le recours à cet « instrument de lutte » des travailleurs. La lutte des grévistes de Gate Gourmet met en évidence l’inefficacité des actuelles Conventions collectives de travail (CCT) dans la prévention du dumping salarial. Pire, les employeurs peuvent jouer sur des CCT pour baisser les salaires, sous le regard bienveillant des pouvoirs politiques, unissant la droite et la « gauche ». Cet article a été publié dans le mensuel allemand SoZ. Un entretien avec les grévistes a été publié sur ce site en date du 31 octobre 2013.

  • Interviews

    Genève. Grève à Gate Gourmet. Une lutte qui suscite une large solidarité à l’aéroport

    Cet entretien avec des grévistes, conduit par Nicola Cianferoni & Camilla Mina, a été publié dans la revue À l’encontre (31.10.2013)
    L’Aéroport international de Genève (AIG) est à nouveau le théâtre d’une grève. Après les salarié·e·s de Swissport, Dnata et ISS Aviation en 2010, c’est à ceux de Gate Gourmet, l’un des leaders mondiaux de la restauration pour les compagnies aériennes, de monter au créneau. Et pour cause. Dans le cadre d’un vaste plan de restructuration, l’entreprise souhaite imposer une dégradation des conditionsde travail de son personnel basé respectivement à Genève (Cointrin) et à Zurich (un hub lié à celui de Francfort). Ce plan prévoit une baisse de la masse salariale (diminution des salaires, intensification du travail, suppression d’emplois, etc.) et une concentration des activités dans des aéroports ciblés. Il s’agit ainsi de réduire les «coûts opérationnels» pour rester concurrentiel face aux autres entreprises au service des compagnies aériennes.
    A l’Aéroport de Zurich, le syndicat SSP-VPOD a renoncé de négocier et a accepté la Convention collective de travail (CCT) proposée par la direction. La situation est en revanche différente à l’Aéroport de Genève, où le syndicat SSP-VPOD et le personnel massivement syndiqué rejettent en bloc ce nouveau plan. Face à cette résistance, Gate Gourmet a donc choisi de résilier la CCT pour la fin de l’année 2013, entraînant l’introduction de nouveaux contrats individuels pour le personnel. En réaction, une vingtaine de salarié·e·s se sont mis·e·s en grève dès le 14 septembre 2013. Un mois et demi plus tard, le conflit se trouve dans une situation de blocage: les grévistes tiennent bon bien que six d’entre eux, entre-temps, ont été licenciés avec effet immédiat. Une récolte de fonds est actuellement en cours. Il est possible de faire une donation sur le compte PostFinance 12-18077-3 avec la mention «grève Gate Gourmet».
    Ce 31 octobre 2013, lors d’un rassemblement, en présence de salarié·e·s d’autres entreprises, s’est tenue une conférence de presse devant l’aérogare. Les grévistes ont remis une résolution à la direction de l’Aéroport de Genève, appuyée par une pétition signée par 2025 salarié·e·s travaillant sur la plateforme aéroportuaire. Cette pétition demande une meilleure protection des conditions de travail par le renforcement des CCT existantes et leur extension à toutes les branches.
    Trois grévistes, Dominique, Théo et une autre souhaitant rester anonyme, se sont rendus à l’Université de Genève le 25 octobre 2013, lors du 42e jour de grève, pour partager leur combat avec les étudiant·e·s. Nous avons saisi cette occasion pour nous entretenir avec eux.

    Présence des grévistes le soir des élections genevoises le 6 octobre 2013.
    Présence des grévistes le soir des élections genevoises le 6 octobre 2013.

  • Articles de revue

    Répondre au dumping salarial par la grève? Le cas de l’Aéroport international de Genève (AIG)

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    Article publié dans la revue Les Mondes du Travail, n. 12, 2012/2, p. 65-76.
    Résumé: Des salarié·e·s de trois entreprises actives à l’Aéroport international de Genève (Swissport, Dnata et ISS Aviation) se sont mis·e·s en grève au cours de l’année 2010. Cet article souhaite montrer que leur mobilisation s’inscrit dans l’histoire des relations collectives de travail sur le site aéroportuaire, sans être la conséquence directe de la crise économique de 2008. Deux éléments d’explication sont proposés: d’une part, le développement d’un sentiment d’injustice lié à la faiblesse des rémunérations pour un métier très pénible, et, d’autre part, l’attitude du syndicat consistant à intégrer l’ensemble des salarié·e·s dans l’action collective. Le déroulement de ces conflits est néanmoins marqué par la pression que le chômage exerce sur le personnel.
    Mots clefs: Dumping salarial, grève, restructuration, syndicalisme de lutte, sous- traitance.
    Abstract: Some employees of three airport operating companies in Geneva (Swiss- port, Dnata and ISS Aviation) went to strike in 2010. This article aims to show that their mobilization is in line with the history of industrial relations on the airport, which is not the direct result of the economic crisis of 2008. Two explanations are proposed: firstly, employees developing a sense of injustice associated with low wages for their hardjob; secondly, the attitude of the trade union attempting to integrate all employees in the collective action. The course of these conflicts is marked however by the pressure of unemployment on employees.
    Keywords: Wage dumping, strike, restructuring, unionism based on struggle and agitation, outsourcing.

  • Revues

    Les Mondes du Travail n. 12 / Dossier « Travail et action collective en temps de crise »

    Les Mondes du Travail n. 12
    La revue Les Mondes du Travail n°12 vient de paraître. Il a été coordonné par Mélanie Guyonvarch (Centre Pierre Naville, Université d’Evry Val d’Essonne) et Jean Vandewattyne (Université de Mons (UMONS) et Université libre de Bruxelles (ULB). Il est composé par plusieurs articles regroupés dans un dossier intitulé: «Travail et action collective en temps de crise».
    Les controverses sur la crise économique, apparue début 2007 avec la crise dite des «subprimes», sont nombreuses. Toutefois, les analyses convergent au moins sur un point : la dégradation de la situation économique serait la plus grave depuis la Grande Récession de 1929. Pour analyser les manifestations de cette crise et ses impacts sur les mondes du travail, le dossier à rassemblé huit contributions. Structurées autour de trois niveaux d’analyse, elles partent des réalités les plus locales (Aéroport de Genève, Chantiers navals de Saint-Nazaire, secteur automobile…) en passant par des réalités nationales (Allemagne, Espagne et Grèce) pour se clôturer par une analyse des politiques de réforme des marchés du travail menées en Europe, principalement dans les pays du Sud.
    Ces articles abordent la crise sous des aspects aussi divers que les marchés du travail, les stratégies d’entreprise, les discours managériaux, le contre-pouvoir syndical, les nouveaux mouvements sociaux ou encore les perceptions de la crise parmi les salariés.
    Le «Grand entretien» du numéro présente le point de vue quelque peu iconoclaste du philosophe Anselm Jappe sur le sens et les causes d’une telle crise.
    GRAND ENTRETIEN AVEC ANSELM JAPPE
    «La financiarisation et la spéculation sont des symptômes»
    DOSSIER: TRAVAIL ET ACTION COLLECTIVE EN TEMPS DE CRISE
    Introduction / Mélanie Guyonvarch et Jean Vandewattyne
    Les effets de la récession dans la filière automobile en France / René Mathieu et Armelle Gorgeu
    Travailler dans une industrie en crise(s): le cas des chantiers navals de Saint-Nazaire / Pauline Seiller
    La crise ne date pas d’hier: enquête parmi les cadres, ingénieurs et techniciens (2001 – 2006) / Mélanie Guyonvarch et Gaëtan Flocco
    Répondre au dumping salarial par la grève? Le cas de l’Aéroport de
    Genève / Nicola Cianferoni
    Les syndicats grecs dans le contexte de crise économique /
    Christina Karakioulafis
    Défis et perspectives pour le syndicalisme en Espagne / Antonio Antón
    Morón
    La crise et ses effets vus par des syndicalistes allemands de l’IG Metall /
    Meike Brodersen et Jean Vandewattyne
    Quand les réformes du marché du travail favorisent l’insécurité
    socio-professionnelle / Stéphen Bouquin
    CONTRE-CHAMP
    Résistance, autonomie et implication des salariés. Quelle sociologie pour le travail? / Daniel Bachet
    Ont collaboré au dossier (par ordre alphabétique) : Stéphen Bouquin (Université d’Evry Val d’Essonne), Meike Brodersen (Université libre de Bruxelles), Nicola Cianferoni (Haute école de travail social et de la santé (Lausanne)), Gaëtan Flocco (Université d’Evry Val d’Essonne), Armelle Gorgeu (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), Mélanie Guyonvarch (Université d’Evry Val d’Essonne), Christina Karakioulafis (Université de Crête), René Mathieu Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), Antonio Antón Morón (Université Autonome de Madrid), Pauline Seiller (Université Paris Descartes), Jean Vandewattyne (Université de Mons et Université libre de Bruxelles).
    Les commandes peuvent se faire via le site de la revue www.lesmondesdutravail.net ou directement sur Amazon.

  • Notes de lecture

    À propos de « Les damnées de la caisse. Grève dans un hypermarché », ouvrage de Marlène Benquet

    Les damnées de la caisseMarlène Benquet, Les damnées de la caisse. Grève dans un hypermarché, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2011, 238 pages.

    Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 18, 2012/2, p. 137-140.

    En 2008, un conflit «improbable» dans un hypermarché situé dans un quartier populaire de Marseille attire l’attention de Marlène Benquet. En effet, la première grève interenseigne et intersyndicale ne se termine pas le jour même comme le prévoient les organisateurs, mais se prolonge durant 16 jours sur la base de trois revendications : une prime exceptionnelle de 250 euros, la possibilité de travailler à plein-temps pour le personnel employé à temps partiel contraint et l’augmentation des tickets-restaurants de 3,05 à 5 euros. Interrogée par ces événements, l’auteure décide de se rendre à Marseille alors même qu’elle travaille à la caisse d’un hypermarché resté à l’écart de cette journée de mobilisation (dans le cadre d’un doctorat effectué à l’EHESS de Paris) (1). Dans le but de mieux saisir les enjeux locaux, régionaux et nationaux de la négociation collective entre organisations syndicales et patronales, elle réalise des entretiens et récolte des matériaux qui l’amènent à considérer que la mise en évidence des «facteurs structurels et objectifs (…) ne permet pas de rendre compte du temps et de l’espace d’une mobilisation» (p. 16).

  • Notes de lecture

    À propos de “La démocratie protestataire”, ouvrage de Lilian Mathieu

    Lilian Mathieu, La démocratie protestataire. Mouvements sociaux et politique en France aujourd’hui, Presses de Science Po, collection «Nouveaux débats», Paris, 2011, 173 p.
    Note de lecture publiée dans la revue www.alencontre.org (15.12.2011)
    La récente contestation-renversement des dictatures dans des pays de l’Afrique du Nord, suivie par les manifestations des Indignés en Espagne et la succession de grèves générales en Grèce remettent la place et le rôle des mouvements sociaux au centre du débat politique.

  • Notes de lecture

    À propos de « Quand le travail se précarise, quelle résistances collectives? », ouvrage dirigé par S. Béroud et P. Bouffartigue

    S. Béroud et P. Bouffartigue (dir,), Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives?, La Dispute, Paris, 2009, 355 pages
    Note de lecture publiée dans la revue Négociations, n. 14, 2010/2, p. 99-102.

    La précarité professionnelle a pris une ampleur considérable avec l’essor de la sous-traitance et du travail intérimaire depuis les années 1970. Elle s’est développée plus précisément sous la forme d’une insécurité de l’emploi, d’une pénibilité accrue des conditions de travail et d’une difficulté de disposer d’une représentation collective. La problématisation de ces trois aspects est d’un grand intérêt pour la réflexion sur la capacité de négociation des secteurs les plus instables du salariat contemporain. C’est bien ce que nous propose cet ouvrage collectif dirigé par Sophie Béroud et Paul Bouffartigue en s’appuyant sur une dizaine de contributions : étudier l’impact de la précarisation sur les capacités d’action collective des salariés et sur les stratégies des organisations syndicales.

  • Articles de presse

    Quand la Fiat veut briser les droits syndicaux

    Article publié dans la Revue virtuelle À l’encontre (19.1.2011)

    Six ans après une grève de 21 jours à Fiat-Melfi (Basilicate), qui a vu les ouvriers s’opposer au caractère « exténuant » des rythmes de travail, le constructeur automobile de Turin – le groupe Fiat – a engagé un nouveau bras de fer avec les salarié·e·s. Le groupe dirigeant de la firme souhaite relancer la production industrielle dans le cadre d’un plan dénommé « Fabbrica Italia » (Usine Italie) qui exige des salariés une « flexibilité polonaise »[1]. Les accords négociés par les syndicats – à l’exception de la Fiom et des Cobas[2] – pour la « sauvegarde » des sites de Pomigliano d’Arco (Campanie) et de Mirafiori (Piémont) constituent un véritable banc d’essai pour vérifier la mise en pratique de « nouvelles relations collectives de travail » fondées sur une dégradation des conditions de travail et l’éviction des syndicats les plus combatifs comme représentants des salariés.

    Ligne de production dans l’usine de Fiat-Mirafiori (2006)