Le télétravail était un phénomène relativement discret, certes présent dans les entreprises depuis un peu plus d’une vingtaine d’années déjà. Il en sera probablement autrement après la pandémie. Cet événement majeur pour nos sociétés pourraient changer la configuration sur les lieux de travail les années à venir. Le télétravail pourrait devenir une dimension structurante de l’exercice de certaines activités relevant du secteur tertiaire quand les sociétés seront revenues à un fonctionnement normal. Cet article évoque le télétravail, de son émergence à son développement dans les années 1990 qui s’inscrivent dans un contexte social et historique marqué par la flexibilisation de l’emploi. Puis, à l’appui des données fournies par le Panel suisse des ménages (PSM), il apporte des éléments pour comprendre où, comment et par qui le télétravail a été pratiqué dans le contexte exceptionnel de la pandémie. Enfin, la partie conclusive proposera quelques pistes et hypothèses à retenir pour l’étude du télétravail, et de ses enjeux, au cours des années à venir.
- Cianferoni, N. (2021). Le télétravail après la pandémie : une nouvelle frontière dans la flexibilisation de l’emploi ?: Raison Présente, 218(2), 89–98. https://doi.org/10.3917/rpre.218.0089 Cite Download
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La pointeuse à l’épreuve de la dilatation des temps dans la grande distribution
Cet article paraît dans la revue Temporalités, n° 31-32, 2020.
En libre accès ici: https://doi.org/10.4000/temporalites.7685Les fonctions d’encadrement qui n’enregistrent pas le temps de travail connaissent un allongement de ce dernier. Une étude dans la grande distribution en Suisse révèle cependant que la dilatation du temps de travail des cadres est liée au fonctionnement des magasins et à la coordination des flux de clients et de marchandises, dans une entreprise où les activités productives sont éclatées et décentralisées. Le travail amené à la maison ou la fatigue accumulée ont pour conséquence de placer les cadres sous tension. Ainsi, la dilatation du temps de travail et la fragmentation des activités productives présupposent une division inégalitaire du travail domestique entre les sexes et implique un «coût social» en termes de renoncement à la vie sociale et familiale. Si l’abolition de la pointeuse n’apparaît pas comme étant la cause de l’allongement du temps de travail, cet outil de mesure n’est pas sans enjeux, car son absence permet d’occulter ce phénomène. Les contraintes sociales sont intériorisées sous la forme de choix personnels et favorisent l’apparition d’une forme de fatalisme qui semble s’imposer aux individus. Nous apportons trois explications à ce phénomène: l’idéologie de genre traditionnelle, la disponibilité temporelle corporative et/ou professionnelle spécifique aux cadres et la faiblesse structurelle du syndicalisme.
Citation conseillée
Cianferoni, N. (2020). La pointeuse à l’épreuve de la dilatation des temps dans la grande distribution. Temporalités, 31–32. https://doi.org/10.4000/temporalites.7685 -
Retour sur la grève de 2008 à l’Officina CFF de Bellinzone
Compte-rendu de: Dif-Pradalier, M., Lepori, A., & Strozzega, A., Qui erano tutti ferrovieri. Lo sciopero dell’Officina FFS di Bellinzona nel 2008. Studio sul vissuto e sulle percezioni dei protagonisti. Bellinzona: Casagrande, 2019, 134 p.
Texte paru sur le site internet de l’Association pour l’étude de l’histoire du mouvement ouvrier (AEHMO), par Nicola Cianferoni, juin 2020.
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Conférence sur le temps de travail pour UNIA – Groupe Migration à La Chaux-de-Fonds
La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? Réflexions à partir d’une étude sur la grande distribution suisse et d’autres recherches sur les conditions de travail
Les études empiriques sur la condition des travailleuses et travailleurs sont fort précieuses: elles aident à comprendre autant leurs conditions dans les coulisses de la production que les dynamiques en cours au niveau des rapports sociaux. C’est précisément ce que Nicola Cianferoni propose dans son livre Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale? paru aux éditions Seismo (Genève et Zurich) en septembre 2019. À l’appui de 78 entretiens réalisés avec des dirigeants, des travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et des secrétaires syndicaux, il constate que la journée de travail prend une place de plus en plus centrale dans la vie sociale. Les trois phénomènes qu’il observe empiriquement de l’intensification, la disponibilité temporelle et la déqualification se produisent dans un contexte où le temps de travail a cessé de diminuer depuis les années 1990 – voire même où il augmente pour certaines catégories du personnel. À l’appui de cette longue enquête sur les supermarchés et d’autres recherches qu’il a mené sur les conditions de travail, l’auteur apportera des éclairages sur les raisons pour lesquelles le temps de travail tend à devenir plus important dans les pratiques quotidiennes des salarié·e·s, comment cela est vécu par les groupes sociaux directement concernés (les hommes et les femmes ainsi que les différents échelons hiérarchiques), et dans quelle mesure la réduction du temps de travail pourrait redevenir actuelle dans les années à venir.
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Présentation de mon livre dans le cadre de l’exposition «Le temps et moi» – Musée romain de Lausanne-Vidy
Présentation de mon livre dans le cadre de l’exposition temporaire «Le temps et moi» – Musée romain de Lausanne-Vidy.
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Présentation de mon livre aux Journées socio-anthropologiques genevoises
Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale?
Nicola Cianferoni, post-doctorant à l’Institut de recherches sociologiques de l’Université de Genève et à l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel
Les études empiriques sur la condition des travailleuses et travailleurs sont fort précieuses : elles aident à comprendre autant leurs conditions dans les coulisses de la production que les dynamiques en cours au niveau des rapports sociaux. C’est précisément ce que Nicola Cianferoni propose dans son livre Travailler dans la grande distribution. La journée de travail va-t-elle redevenir une question sociale ? paru aux éditions Seismo (Genève et Zurich) en septembre 2019. À l’appui de 78 entretiens réalisés avec des dirigeants, des travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et des secrétaires syndicaux, il constate que la journée de travail prend une place de plus en plus centrale dans la vie sociale. Les trois phénomènes qu’il observe empiriquement de l’intensification, la disponibilité temporelle et la déqualification se produisent dans un contexte où le temps de travail a cessé de diminuer depuis les années 1990 – voire même où il augmente pour certaines catégories du personnel. Tout cela le conduit à interroger la place que prendra la journée de travail dans les années à venir.
Salle A006 (Rue Prévost-Martin 28, bâtiment A, rez-de-chaussée
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La négociation sociale du temps de travail: évolutions de ses objets et de ses configurations dans le contexte suisse
Cet article fait partie du numéro 26 de la revue Négociations, qui consacre un dossier spécial à la thématique «Actualités de la négociation collective et du dialogue social».
La contribution de Jean-Michel Bonvin, Nicola Cianferoni et Aris Martinelli étudie l’impact de la flexibilité temporelle sur les coordonnées de la négociation sociale dans le contexte suisse. Il s’agit notamment de voir à quel niveau – inter-organisationnel, intra-organisationnel ou interpersonnel – les diverses dimensions de cette flexibilité sont négociées et si les processus de décision prennent la forme d’une négociation distributive ou intégrative ou doivent au contraire être envisagés comme une prérogative des employeurs. Ces questions sont abordées à travers l’évocation de scènes ordinaires et d’épisodes conflictuels de négociation sociale au sein d’entreprises de l’industrie des machines et de la grande distribution.
Référence complète:
Bonvin, J.-M., Cianferoni, N., & Martinelli, A. (2016). La négociation sociale du temps de travail. Evolutions de ses objets et de ses configurations dans le contexte suisse. Négociations, 26, 41–53. -
Travailler et vivre online. Chances et risques des formes virtuelles de travail.
Travailler et vivre online. Chances et risques des formes virtuelles de travail. Journée d’étude de Movendo organisée en collaboration avec l’Union syndicale suisse (USS) le mardi 30 juin 2015.
Le télétravail (Home Office) et d’autres formes de travail et de communication virtuelles influencent de manière croissante notre quotidien. Précarité et pression sur les conditions de travail peuvent en être les conséquences. Ces mutations du champ du travail présentent des risques de nature contractuelle ou pour la santé des travailleurs et travailleuses, tout en ouvrant également de nouvelles possibilités sur le plan de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Comme le montrent des études, le fait d’être constamment atteignable est un facteur aggravant les risques de troubles psychosociaux. Les coûts de la santé liés à ces maux sont également en augmentation. Dans les nouvelles organisations du travail ou les formes virtuelles d’activités professionnelles, l’enregistrement du temps de travail, pour ne prendre que cet exemple, perd souvent de sa pertinence au profit de la seule performance des entreprises. Durant cette conférence, nous verrons, sur la base de brèves interventions de spécialistes et dans des ateliers, comment les nouvelles formes de travail pourraient être exploitées positivement et comment on peut en limiter les impacts négatifs.
Cliquer ici pour télécharger le programme détaillé.Intervenant-e-s:
Elodie Baerlocher (psychologue du travail et des organisations, Bureau UND Équilibre entre famille et emploi pour les hommes et les femmes)
Nicola Cianferoni (sociologue, Université de Genève)
Luca Cirigliano (secrétaire central, Union syndicale suisse)
Pierluigi Fedele (membre du comité directeur Unia)
Rafaël Weissbrodt (ergonome, ERGOrama SA, spécialiste MSST à l’Etat du Valais) -
Les méthodes du centre d’appels Avocis. «Dans ce travail, on est totalement à la merci de l’employeur».
Interview paru dans la revue alencontre.org le 23 février 2015
Par Nicola Cianferoni
Avocis est une entreprise qui fournit des «prestations de services à la clientèle» (customer contact management services) avec 6500 salariés dans trois pays d’Europe: Allemagne, Suisse et Autriche. En 2014, le groupe a dégagé un profit de 29,8 millions d’euros avant intérêts et impôts (EBIT) contre 19,7 millions en 2013 (+34%). Le chiffre d’affaires est de 210 millions pour la même année contre 173 millions en 2013 (+18%). Le taux de rentabilité (EBIT) est passé de 11,4% en 2013 à 14,5% en 2014. Ces chiffres témoignent d’une «rentabilité du capital» très élevée. Cette rentabilité implique une gestion très sanglée de la force de travail.
Avocis est connue depuis longtemps pour la dureté des conditions de travail. La télévision suisse alémanique SF1 avait déjà relevé que la brutalité des conditions de travail n’est pas seulement à l’avantage d’Avocis, mais aussi des entreprises qui, à l’instar de Swisscom, font appel à ses prestations. Annina Merk, sa porte-parole, se défend ainsi dans l’émission: «Swisscom est l’une des rares entreprises de la branche qui effectue l’ensemble de son service client en Suisse. Cela permet aux travailleurs de profiter du droit du travail suisse». [1] Le témoignage que nous avons recueilli auprès d’un travailleur d’Avocis basé à Lausanne, et que nous proposons ci-dessous sous forme anonyme, donne un aperçu très précis de ce que permet le droit du travail suisse: un salaire horaire de 22 CHF, une durée du travail variable entre 30 et 45 heures selon les besoins de l’entreprise, licenciements arbitraires, etc.
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Interview donnée à l’émission « Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes »
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, survient suite à une exposition à un stress chronique. Une enquête du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) signale qu’en Suisse le nombre de personnes souffrant de stress chronique est en constante augmentation.
Vacarme, émission produite et diffusée par la Radio télévision suisse (RTS), a réalisée une série de cinq reportages intitulée: « Burn-out: quand le travail nous brûle les ailes ».
Le quatrième porte sur le burn-out dans le secteur public en prenant comme exemple le cas de La Poste, entreprise où le travail a fortement évolué au cours des 20 dernières années en raison de la libéralisation du secteur.
Nicola Cianferoni a étudié l’impact de ces modifications sur les employés du géant jaune avec la recherche « Quand la modernisation produit de la souffrance: le cas de la Poste suisse » effectuée en 2009. Il intervient dans l’émission pour expliquer en quoi elle est toujours d’actualité.
Pour télécharger le fichier audio:
Vacarme, 4.9.2014